top of page

Nomadisme

Dernière mise à jour : 31 mai 2023


Dans le premier livre de la Bible, le livre de la Genèse, le quatrième chapitre raconte l’histoire d’Abel et Caïn, fils d’Adam et Eve. Alors que Caïn cultivait la terre, Abel était berger. Un jour, les frères firent des offrandes à Yahvé : Caïn offrit les produits de la terre et Abel des agneaux. Yahvé accepta l’offrande d’Abel et refusa celle de Caïn et le cultivateur, en rage, tua son frère, le berger.


Je vous propose de voir comment ce texte, dans une vision analogique, est une invitation à passer de la sédentarité au nomadisme.


« Tuer le nomade c’est tuer la part de rêve où toute la société va puiser son besoin de renouveau. » Proverbe tzigane

Le texte de la Bible du semeur

L’homme s’unit à Ève, sa femme ; elle devint enceinte et donna naissance à Caïn.


Elle dit :


– Avec l’aide de l’Éternel, j’ai formé un homme.


Elle mit encore au monde le frère de Caïn, Abel. Abel devint berger et Caïn cultivateur.

Au bout d’un certain temps, Caïn présenta des produits de la terre en offrande à l’Éternel.

Abel, de son côté, présenta les premiers-nés de son troupeau et en offrit les meilleurs morceaux. L’Éternel porta un regard favorable sur Abel et sur son offrande mais pas sur Caïn et son offrande. Caïn se mit dans une grande colère, et son visage s’assombrit.


Perle de sens - Blandine - Bioanalogie - nomadismeL’Éternel dit à Caïn :


– Pourquoi te mets-tu en colère et pourquoi ton visage est-il sombre ? Si tu agis bien, tu le relèveras. Mais si tu n’agis pas bien, le péché est tapi à ta porte : son désir se porte vers toi, mais toi, maîtrise-le !

Mais Caïn dit à son frère Abel :


– Allons aux champs. Et lorsqu’ils furent dans les champs, Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua.


Alors l’Éternel demanda à Caïn :


– Où est ton frère Abel ?


– Je n’en sais rien, répondit-il. Suis-je le gardien de mon frère ?


Et Dieu lui dit :


– Qu’as-tu fait ? J’entends le sang de ton frère crier vengeance depuis la terre jusqu’à moi. Maintenant, tu es maudit et chassé loin du sol qui a bu le sang de ton frère versé par ta main. Lorsque tu cultiveras le sol, il te refusera désormais ses produits, tu seras errant et fugitif sur la terre.


Caïn dit à l’Éternel :


– Mon châtiment est trop lourd à porter. Voici que tu me chasses aujourd’hui loin du sol fertile, et je devrai me cacher devant toi, je serai errant et fugitif sur la terre et si quelqu’un me trouve, il me tuera.


L’Éternel lui dit :


– Eh bien ! Si on tue Caïn, Caïn sera vengé sept fois. Et l’Éternel marqua Caïn d’un signe pour qu’il ne soit pas tué par qui le rencontrerait.


Caïn partit loin de l’Éternel : il alla séjourner au pays de Nod, le Pays de l’Errance, à l’orient d’Éden, le Pays des délices.


Sédentarité

Caricature du sédentaire

Imaginons un éleveur sédentaire représenté par Caïn le cultivateur. Il vit dans une ferme avec sa famille et un troupeau de 1000 vaches dont il s’occupe chaque jour. Sur ses terres, il fauche du foin pour nourrir ses vaches en hiver ou plante des céréales à vendre ou échanger. Dans la grange, il stocke le foin, dans le grenier les céréales, dans la cave les légumes et autres victuailles…


Il travaille beaucoup, il est très efficace, dans l’idée que sa sécurité et sa vie dépend entièrement de ses efforts. Il dispose de très peu de moments d’inactivité car tout dépend de ce qu’il fait.


Le sédentaire en nous

L’énergie du sédentaire en nous est ce besoin d’efficacité que l’on vit souvent, cette illusion que tout dépend de notre pouvoir personnel, de ce que l’on fait. Nous voudrions tellement que tout soit parfait, que tout ce que nous voulons soit déjà là, que tout se fasse vite comme s’il y avait une urgence. Dans cette énergie, nous voudrions inconsciemment maîtriser le mouvement de la vie. Nous ne lâchons pas, nous sommes dans une lutte permanente contre le courant du temps qui passe. C’est comme si, emportés par un rouleau dans l’océan, nous luttions comme des fous contre la force de l’eau. Épuisement et frustration assurés.


« En voyageant, j’ai compris que l’homme libre est nomade. Je choisis donc la liberté avant qu’il ne soit trop tard. Je ne veux pas devenir un vieux chanteur. » Jacques Brel

Nomadisme

Caricature du nomade

Dressons maintenant le portrait d’un nomade représenté par Abel le berger. Il a un troupeau de 100 vaches, sa tente, ses quelques affaires et celles de sa famille et se déplace au gré de l’herbe. Il n’est pas inactif, il s’occupe de ses bêtes et du quotidien. Il fait ce qu’il a à faire chaque jour tout en profitant de son contact permanent avec la nature. Il observe ses bêtes, le ciel, les plantes.


Quand l’herbe est mangée aux alentours, il plie sa tente et se déplace, dans la certitude absolue qu’il trouvera de l’herbe et de l’eau plus loin, que la terre lui apporte toujours les ressources dont il a besoin à chaque instant. Il ne fait pas de réserves outre mesure, il sait qu’il ne maîtrise pas tout et ne cherche pas à tout maîtriser.


Le nomade en nous

L’énergie du nomade en nous est cette confiance en la vie, ce savoir qu’après l’hiver vient le printemps, qu’après la marée basse vient la marée haute. Tout est là. Pas besoin de faire, faire, faire et encore faire pour manger des fraises en hiver. Il y en aura bientôt dans les sous-bois. Juste nous abandonner à la nature des choses, adhérer à la réalité telle qu’elle est. Nous ne maîtrisons pas tout, c’est une évidence. Alors pourquoi ne pas juste faire ce qu’il y a à faire et suivre le courant ? Pourquoi ne pas faire la planche quand le rouleau nous emporte, dans cette confiance que la vague va, à un moment, nous déposer sur la plage ? Cela nous demande de voir notre vulnérabilité comme notre plus grande force. Sérénité assurée.


« Sans cet apprentissage de l’état nomade, je n’aurais peut-être rien écrit. Si je l’ai fait, c’était pour sauver de l’oubli ce nuage laineux que j’avais vu haler son ombre sur un flanc de montagne, le chant ébouriffé d’un coq, un rai de soleil sur un samovar, une strophe égrenée par un derviche à l’ombre d’un camion en panne ou ce panache de fumée au dessus d’un volcan javanais. » Nicolas Bouvier

Passer de la sédentarité au nomadisme

La conscience

Dans l’histoire de Caïn et Abel, Yahvé est la conscience qui accueille le fruit du travail d’Abel et refuse celui de Caïn, une conscience qui nous invite à la confiance. Tuer Abel, tuer l’énergie du nomade en soi, c’est quitter le jardin des délices où la nature apporte l’abondance à chaque instant pour le pays de l’errance. Et nomadisme et errance ne sont pas synonymes. Si le nomade marche dans la confiance que la nature lui fournit tout ce dont il a besoin, actif et pleinement connecté au vivant, l’errant marche sans besoin, déconnecté de toute vie en lui et autour de lui, désœuvré.


Osons le nomadisme

Attention, il ne s’agit absolument pas de dire qu’être nomade c’est bien et être sédentaire c’est mal… il est ici question de l’énergie du nomade et de l’énergie du sédentaire en nous.


Nous alternons entre l’énergie du nomade (bouger avec foi) et celle du sédentaire (nous poser). Par sécurité, nous avons parfois tendance à nous sédentariser en restant dans nos habitudes, dans les conventions sociales et familiales. Mais si nous ne sommes plus en paix dans cet état, nous sommes invités à nous positionner dans le respect de nos valeurs et à entrer dans ce nomadisme. Personne d’autre que nous-même ne peut diriger notre vie ou nous montrer le chemin. La seule direction dans laquelle nous pouvons aller est celle qui nous conduit vers nous-même, vers notre dimension verticale. C’est dans l’extraordinaire aventure du nomadisme que nous l’expérimentons et trouvons notre sécurité intérieure. Et il faut être un peu fou pour s’y lancer !


« En réglant son compte à l’espace, le nomade freine la course des heures. Peu lui importe que passent les instants, puisque, obstinément, il les remplit des kilomètres qu’il moissonne. Opération d’alchimiste : il change le sable du sablier en poudre d’escampette. Il brise le cadran de l’horloge et se sert des aiguilles pour piquer sa propre croupe. Le temps n’est pas un cheval dont on peut enrayer l’emballement en lui tirant la bride, il est donc préférable de le laisser galoper et de se venger de sa course en bouffant soi-même le monde. Au tic-tac de l’horloge, le voyageur répond par le martèlement de sa semelle. » Sylvain Tesson

...


Cet article n’est pas une invitation à avoir une vie de nomade mais une vie dans l’énergie du nomade… Si ces mots vous touchent, n’hésitez pas à déposer un témoignage dans l’espace de commentaires ci-dessous. Soyons fous !



13 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

コメント


bottom of page