Dans le monde du travail, ce n’est pas toujours rose. Stress, pression et compétition y ont la part belle et y sont même perçus comme normaux. Sauf qu’il y a stress et stress : stress motivant et stress épuisant. Quand le second prend toute la place, jour après jour, ça coince et le travailleur consciencieux que nous sommes s’y perd.
Selon la loi du principe, tout ce qui nous touche ne parle que de nous, d’une richesse intérieure que nous ne faisons pas vivre. En quoi une situation difficile au travail parle de nous ? C’est ce que je vous propose d’explorer dans cet article.
« Le raisonnement par analogie est un merveilleux outil de travail. » François Michelin
Aïe mon travail !
Le travail, c’est quoi ?
Le travail est une activité exigeant un effort, visant un but (création et/ou production de nouvelles choses, de nouvelles idées) et nécessitant de surmonter des résistances, voire une souffrance.
Le « travail » de l’accouchement contient des notions de passage, d’effort et de souffrance.
Le « travail sur soi » parle aussi d’effort et de transformation.
Le travail est un mouvement créatif, une transformation, une expérimentation de notre créativité et parle analogiquement de réalisation de soi.
Notre vie professionnelle occupe une grande part de notre temps et de notre énergie. Nous la choisissons tant que possible en accord avec nos goûts et valeurs afin que cette activité quotidienne soit pour nous un terrain d’évolution et d’accomplissement.
De l’inconfort au travail
Dans l’idéal, notre travail est une voie de créativité et de réalisation. Sauf que ce n’est pas forcément le cas ! Parfois, des facteurs organisationnels, relationnels ou individuels viennent rompre ce bel équilibre intérieur et nous nous retrouvons dans une situation inconfortable et déstabilisante. Bouleversements d’organisation, perte d’activité, mise au placard, choc des générations, conflits, harcèlement, management toxique… Au lieu de prendre plaisir et de nous investir avec entrain dans notre travail, nous perdons notre motivation et ressentons fatigue, peur ou colère. La situation nous touche. Elle contient donc, dans sa coquille de stress, une perle de sens juste pour nous !
« La vie fleurit par le travail. » Arthur Rimbaud
Perles de sens de quelques situations professionnelles difficiles
Fatigue au travail
La situation n’est pas encore totalement bloquée mais la fatigue se fait sentir semaine de travail après semaine de travail. Quand nous sommes fatigués, nous n’avons plus d’énergie. Nous avons juste besoin de repos. Une action qui nécessite du repos est-elle une action juste qui nous respecte et nous laisse en paix ?
☼ À travers la fatigue au travail, la vie m’invite à ne pas mettre d’énergie pour me réaliser.
Regardons toute cette énergie dépensée dans le but de nous réaliser. Nous avons un objectif et nous nous astreignons à une discipline personnelle, à un investissement de temps et d’argent pour y parvenir. Nous sommes dans l’idée que nous devons donner un sens à notre vie, un sens calculé et choisi avec notre mental. Mais, à la force du mental, on ne peut donner qu’un sens que l’on connaît déjà. La vie nous invite à laisser le sens se révéler en nous. Comment ? En vivant chaque instant comme une expérience : sans attente, sans intention, sans obligation de résultat.
Comme un enfant dans toute son innocence.
Epuisement ou burn out
Là, il ne s’agit plus d’une fatigue sournoise mais d’un épuisement total avec découragement et démotivation. Impossible de se concentrer, le cerveau ne suit plus. Et parfois le corps non plus. Bouleversement émotionnel, mental, physique, comportemental ; tout nous dit STOP, trop c’est trop ! Nous avons atteint notre limite, brûlé toute notre énergie. L’incendie est déclaré…
☼ À travers un burn out, la vie m’invite à vivre intensément mes limites, dans un mouvement créatif.
Expérimenter nos limites, être en contact elles, c’est contacter notre forme, notre existence, être attentifs à tous nos sens. Et chacun de nous a une forme et une existence unique, originale et singulière. Vivre intensément cette existence-là qui est la notre, c’est choisir de manquer à toutes les autres existences. Le feu transforme tout ce qu’il touche en lui-même : à nous de transformer en nous-même tout ce qui nous touche dans un mouvement créatif, dans une transformation permanente ! Arrêtons de rester accrochés à ce que nous connaissons, au passé, à nos habitudes par sécurité, peur d’être rejeté, pas aimé, pas respecté…
Licenciement
Être licencié, c’est retrouver sa liberté, s’affranchir de l’autorité, des contraintes, des obligations.
☼ À travers un licenciement, la vie m’invite à sortir de toute obligation dans la réalisation de ma vie.
Il n’est pas toujours évident de s’affranchir des contraintes en sachant dire non. Nous voulons satisfaire tout le monde et obtenir de bons résultats alors nous nous laissons envahir par les obligations. Mais nous ne sommes pas ce que nous faisons ; nous ne sommes pas le résultat de nos actions. Nous sommes une action, une expérimentation de chaque instant, libres de goûter la vie qui œuvre à travers nous.
Chômage
Lorsque nous sommes au chômage, nous manquons de travail. Nous voudrions travailler mais ne trouvons pas de travail adapté à notre situation. Nous ne pouvons rien faire pour nous réaliser alors que l’on voudrait faire quelque chose !
Chômer, c’est se reposer entre deux périodes de travail, un jour férié par exemple. Pour les brebis, chômer, c’est se reposer et ruminer aux heures les plus chaudes de la journée entre deux périodes où elles broutent et gambadent dans les alpages.
☼ À travers le chômage, la vie m’invite à la laisser œuvrer à travers moi.
Tout est accompli et il n’y a rien à faire pour nous réaliser. Notre existence
n’a ni cause, ni but. Nous sommes. Nous existons, simplement, sans pourquoi. Or, nous voulons nous réaliser et agissons pour cela, comme si notre réalisation était un but à atteindre. Comme s’il nous manquait quelque chose que nous avions à conquérir. Alors nous agissons pour être reconnu, aimé, pour avoir une place… Mais nous n’avons rien à faire dans une intention, une obligation de résultat, une attente ; juste être en contact avec ce qui est vivant à l’intérieur de nous. Nous sommes déjà réalisés. À nous de nous reconnaître, de reconnaître notre existence unique et de laisser la vie œuvrer à travers nous !
« Comment faire pour ne rien faire ? Je ne sais rien de plus difficile. C’est un travail d’Hercule, un travail de tous les instants. » Paul Valéry
Conflits au travail
Le chef avec qui nous ne sommes jamais d’accord, les collègues qui nous prennent pour un(e) concurrent(e), la secrétaire qui nous cache des informations… Nous pensions pouvoir considérer nos collègues de travail comme des amis et voilà qu’ils deviennent nos pires ennemis ! Quand agressivité, mépris, discrimination et rancune rodent sur notre lieu de travail, l’ambiance vire au rouge et c’est le conflit.
☼ À travers des conflits au travail, la vie m’invite à me dire oui à moi même, à m’accueillir tel(le) que je suis dans l’expérimentation de ma créativité.
Nous ne pouvons expérimenter notre créativité qu’en nous accueillant tel que nous sommes. À nous d’aller à la rencontre de notre créativité propre et de nous accueillir avec bienveillance dans cette créativité unique. À nous de reconsidérer et de respecter notre vérité et nos valeurs comme nous respectons la vérité et les valeurs de notre meilleur ami. L’amour passe d’abord par nous-même !
Harcèlement moral
Le harcèlement moral se caractérise par des gestes, paroles ou attitudes irrespectueux et répétitifs. Si une parole ou un geste isolé peut sembler anodin, leur accumulation au quotidien maintient une pression qui devient insupportable. Victime de harcèlement moral, on se sent atteint dans notre intégrité.
☼ À travers le harcèlement moral au travail, la vie m’invite à ajuster à chaque instant le respect de moi-même dans l’expérimentation de ma créativité.
Quelle vision avons-nous de nous-même ? Nous dévalorisons-nous aux yeux des autres ? Ou à l’inverse, nous croyons-nous au-dessus d’eux ? Nous n’avons aucune valeur, ni moindre ni supérieure à celle des autres. Ce n’est pas que notre valeur soit nulle, non, elle n’est juste pas comparable. Quel prix serions-nous prêt à donner pour acheter une étoile ? Cette question n’a pas de sens. Une étoile n’a pas de valeur, elle est. Et un être humain ? À nous de respecter notre lumière intérieure comme celle d’une étoile, à sa juste valeur !
Peur de changer de travail
Nous avons fait le tour de notre travail et rêvons d’en changer, de nous lancer dans cette activité qui nous passionne, dans cette entreprise dont nous rejoignons les valeurs. Mais nous n’osons pas franchir le pas. La peur nous assaille. Certes notre travail ne nous convient plus, ne nous fait plus vibrer comme avant mais au moins on sait qu’il nous apporte un salaire fixe chaque mois, qu’il nous procure tel ou tel avantage et qu’il y a Sandra, notre collègue devenue notre meilleure amie.
☼ À travers la peur de changer de travail, la vie m’invite à m’ouvrir à l’expérimentation de ma créativité sans attente.
Ce qui nous fait peur, nous nous devons de le rencontrer. Non pas nous jeter dans une pièce emplie d’araignées si nous sommes arachnophobe mais rencontrer à l’intérieur de nous en quoi l’araignée parle de nous. Quelles attentes avons nous par rapport à notre réalisation ?
En fait, la vie est tellement simple que nous n’osons pas vivre cette simplicité. Nous faisons chauffer en permanence notre mental pour analyser et anticiper et nous restons dans la peur. Mais c’est une illusion de croire que notre bonheur ou notre malheur viennent de l’extérieur ! Pourquoi attendre quelque chose de l’extérieur ? Et si nous nous laissions simplement porter par l’expérimentation de notre vérité, de notre créativité qui n’ont aucune référence.
« Je n’aime pas le travail, nul ne l’aime ; mais j’aime ce qui est dans le travail l’occasion de se découvrir soi-même. » Joseph Conrad
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Notre action de réalisation, cette expérimentation de notre créativité dont nous parle la sphère professionnelle, ne recherche pas le profit. C’est un mouvement, une transformation, une expérimentation de l’instant présent, insaisissable, une action sans intention, sans attente, sans but à atteindre, sans vouloir. Nous ne pouvons pas prouver notre réalisation. À nous de respecter notre propre loi, cette vérité intérieure propre à nous-même.
Cet article vous interpelle, vous parle, vous questionne ? N’hésitez pas à apporter un témoignage dans les commentaires ci-dessous afin de le rendre vivant. Merci !
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